LE POT DE TERRE ET LE POT DE FER
Le Pot de fer proposa
Au Pot de terre un voyage.
Celui-ci s'en excusa,
Disant qu'il ferait que sage (1)
De garder le coin du feu ;
Car il lui fallait si peu,
Si peu, que la moindre chose
De son débris serait cause. (2)
Il n'en reviendrait morceau.
Pour vous, dit-il, dont la peau
Est plus dure que la mienne,
Je ne vois rien qui vous tienne.
Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le Pot de fer.
Si quelque matière dure
Vous menace d'aventure,
Entre deux je passerai, (3)
Et du coup vous sauverai.
Cette offre le persuade.
Pot de fer son camarade
Se met droit à ses côtés.
Mes gens s'en vont à trois pieds,
Clopin-clopant comme ils peuvent,
L'un contre l'autre jetés,
Au moindre hoquet (4) qu'ils treuvent.(5)
Le pot de terre en souffre ; il n'eut pas fait cent pas
Que par son Compagnon il fut mis en éclats,
Sans qu'il eût lieu de se plaindre .
Ne nous associons qu'avecque nos égaux ;
Ou
bien il nous faudra craindre
Le
destin d'un de ces Pots . |
|
source : Esope "les pots";
"la peau dure" fait référence à la lecture de
Faerne : né en Italie au XVIème siècle, il a écrit, en latin, des
fables en vers imitées d'Esope.
(1) archaïque : "ce que ferait un sage" donc :
"il ferait sagement"
(2) la moindre chose serait cause de sa casse
(3) je m'interposerai
(4) obstacle, empêchement
(5) trouvent
image publicitaire pour la phosphatine Falières
transposition humaine |