Autrefois Progné
l'Hirondelle
De sa demeure
s'écarta,
Et loin des villes
s'emporta (1)
Dans un bois où chantait la pauvre Philomèle.
Ma soeur, lui dit Progné, comment vous portez-vous ?
Voici tantôt mille ans que l'on ne vous a vue :
Je ne me souviens point que vous soyez venue
Depuis le temps de Thrace (2) habiter parmi nous.
Dites-moi, que
pensez-vous faire ?
Ne quitterez-vous point ce séjour solitaire ?
Ah! reprit Philomèle, en est-il de plus doux ?
Progné lui repartit : Eh quoi cette musique
Pour ne chanter qu'aux
animaux ?
Tout au plus à quelque
rustique (3)?
Le désert est-il fait pour des talents si beaux ?
Venez faire aux cités éclater leurs merveilles.
Aussi bien, en voyant
les bois,
Sans cesse il vous souvient que Térée autrefois
Parmi des demeures
pareilles
Exerça sa fureur sur vos divins appas.
Et c'est le souvenir d'un si cruel outrage
Qui fait, reprit sa Sœur, que je ne vous suis pas :
En voyant les hommes,
hélas !
Il m'en souvient bien
davantage.
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La source de la fable "Philomèle et Progné"
est Babrias "Le rossignol et l'hirondelle" .
Chez Ésope, le thème était traité très brièvement. On retrouve chez La Fontaine des
éléments du texte d'Ovide (Métamorphoses, livre VI) : Progné (ou Procné) avait reçu
de son père Pandion le valeureux Térée comme époux. Celui-ci viola Philomèle, soeur
de Progné, et lui coupa la langue pour la faire taire. Elle réussit à avertir Progné
en brodant son histoire sur une tapisserie. Progné fit manger à Térée son propre fils
Itys pour se venger.
Les dieux sauvèrent les deux soeurs de la vengeance de Térée en métamorphosant Progné
en rossignol et Philomèle en hirondelle. Térée fut transformé en huppe.
(1) alla
(2) Térée était roi de Thrace
(3) paysan
Philomèle et Progné, illustration
Gustave Doré |
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