L'ORACLE (1) ET L'IMPIE
Vouloir tromper le Ciel, c'est folie à la Terre ;
Le dédale des cœurs en ses détours n'enserre (2)
Rien qui ne soit d'abord éclairé par les dieux.
Tout ce que l'homme fait, il le fait à leurs yeux,
Même les actions que dans l'ombre il croit faire.
Un Païen qui sentait quelque peu le fagot (3),
Et qui croyait en Dieu, pour user de ce mot,
Par bénéfice d'inventaire (4),
Alla consulter Apollon.
Dès qu'il fut en son sanctuaire :
Ce que je tiens, dit-il, est-il en vie ou non ?
Il tenait un Moineau, dit-on,
Prêt d'étouffer la pauvre bête,
Ou de la lâcher aussitôt,
Pour mettre Apollon en défaut.
Apollon reconnut ce qu'il avait en tête (5):
Mort ou vif, lui dit-il, montre-nous ton Moineau,
Et ne me tends plus de panneau (6) ;
Tu te trouverais mal d'un pareil stratagème.
Je vois de loin, j'atteins de même. |
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Dans la fable "L'oracle et l'impie" un petit piège va être soumis au dieu Apollon :
L'impie, qui dédaigne la religion, va poser une devinette au dieu et, pour faire en sorte que la réponse du dieu soit fausse, selon les besoins, il étouffera ou non l'oiseau qu'il tient dans sa main.
Ainsi, il pourra prouver que les dieux ne sont pas infaillibles et se trompent parfois. Mais... |
(1) les oracles d'Apollon, dieu grec, étaient rendus à Delphes par la Pythie.
(2) ne renferme. Les dieux connaissent tout de nous.
(3) vocabulaire qui concernait les hérétiques voués au bûcher.
(4) comme on vérifie l'actif d'un héritage avant de l'accepter.
(5) Apollon comprit ses intentions.
(6) piège
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Illustration : Jean-Baptiste Oudry
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