LA MONTAGNE QUI ACCOUCHE
Une Montagne en mal d'enfant
Jetait une clameur si haute,
Que chacun, au bruit accourant,
Crut qu'elle accoucherait, sans faute,
D'une cité plus grosse que Paris ;
Elle accoucha d'une souris.
Quand je songe à cette fable,
Dont le récit est menteur
Et le sens est véritable, (1)
Je me figure un auteur
Qui dit : Je chanterai la guerre
Que firent les Titans (2) au Maître du tonnerre.»
C'est promettre beaucoup : mais qu'en sort-il souvent ?
Du vent. |
|
Sources : Phèdre (Névelet p.441, Sacy p. 101) (même titre), mais l'apologue est proverbial dès l'Antiquité...
Tallemant des Réaux l'applique aux 12 premiers chants de La Pucelle, (auteur : Chapelain) qui déçurent tellement que les 12 suivants ne trouvèrent un éditeur que plus de 2 siècles plus tard...
Georges Couton, dans son édition des Fables, éd. Garnier précise :
Horace et Boileau ont déjà utilisé cet apologue pour
railler les grandiloquences épiques [...]
L'épopée connaissait en France, à cette époque, des échecs retentissants.
|
(1) ces deux caractéristiques sont celles ... de la fable.
(2)Les derniers vers sont une allusion à Ovide : Métamorphoses Livre I, 130-156, (Folio Classique, Gallimard :
Les Géants, à ce qu'on assure, voulurent conquérir le
royaume des cieux, et entassèrent pour s'élever
jusqu'aux astres montagnes sur montagnes. Alors le père tout puissant fracassa l'Olympe sous les traits de la foudre [...]"
|
Illustration François Chauveau |