LES
MÉDECINS
Le médecin Tant-Pis allait voir un Malade
Que visitait aussi son Confrère Tant-Mieux.
Ce dernier espérait, quoique son Camarade
Soutînt que le Gisant irait voir ses aïeux.(1)
Tous deux s'étant trouvés différents pour la cure(2),
Leur Malade paya le tribut à Nature,(3)
Après qu'en ses conseils Tant-Pis eut été cru.
Ils triomphaient encor sur cette maladie.
L'un disait : Il est mort, je l'avais bien prévu.
S'il m'eût cru, disait l'autre, il serait plein de vie.
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Illustration de J.J. Grandville
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Les sources de cette très brève fable qui tient
plutôt de l'épigramme sont difficilement identifiables
tant elles peuvent être diverses...
La satire des médecins, présentée ici, n'est pas nouvelle
dans la littérature française, même à cette
époque. Tout le monde connaît "Le médecin malgré
lui" que Molière avait présenté en 1666.
Les deux médecins se disputant encore au moment du décès du malade,
sont ridiculisés par La Fontaine. On préfère cependant "Tant
mieux" qui préconise un espoir même dans les cas désespérés.
La confiance aurait peut-être permis une rémission, qui sait ?
(1) ne pas confondre avec les statues couchées
des tombeaux... ici : celui qui doit garder le lit
(2) pour le traitement
(3) il mourut
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