Pour la fable Le Loup et la Cigogne, La Fontaine s'est inspiré d'Ésope "Le loup et le
héron", repris par Phèdre dans "Le Loup et la Grue" (recueil Nevelet). La
fable se termine par une menace, qui n'existait pas chez Ésope. La traduction de D. Loayza
(Ed. bilingue GF-Flammarion p.163), se termine ainsi "La fable montre que la plus
grande marque de reconnaissance qu'on puisse attendre d'un gredin, c'est qu'il vous
épargne un nouvel outrage" |
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LE LOUP ET LA CIGOGNE |
Les Loups mangent
gloutonnement.
Un Loup donc étant de
frairie (1),
Se pressa, dit-on,
tellement
Qu'il en pensa perdre
la vie.
Un os lui demeura bien avant au gosier.
De bonheur pour ce Loup, qui ne pouvait crier,
Près de là passe une
Cigogne.
.Il lui fait signe, elle
accourt.
Voilà l'Opératrice (2) aussitôt en besogne.
Elle retira l'os ; puis, pour un si bon tour,
Elle demanda son
salaire.
Votre salaire? dit le
Lloup,
Vous riez, ma bonne
commère.
Quoi ! Ce n'est pas
encor beaucoup
D'avoir de mon gosier retiré votre cou !
Allez, vous êtes une
ingrate ;
Ne tombez jamais sous
ma patte(3). |
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(1) divertissement, partie de plaisir (bas
selon Furetière)
(2) chirurgien ou médecin empirique qui
vendait des drogues sur les places publiques
(3) Après un reproche dénotant un certain
cynisme, le loup affiche sa méchanceté. |
Le Loup et la Cigogne
(héliogravure) |
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