............Le Lion, terreur
des forêts,
Chargé d'ans, et pleurant son antique prouesse (1),
Fut enfin attaqué par ses propres sujets
Devenus forts
par sa faiblesse.
Le Cheval s'approchant lui donne un coup de pied,
Le Loup, un coup de dent ; le Bœuf, un coup de corne.
Le malheureux Lion, languissant, triste, et morne,
Peut à peine rugir, par l'âge estropié (2).
Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes,
Quand, voyant l'Âne même à son antre accourir (3) :
Ah ! c'est trop, lui dit-il, je voulais bien mourir ;
Mais c'est mourir deux fois que souffrir tes atteintes. |
Illustration : J.J. Grandville |
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(*) Source : Phèdre I, 21.
Voilà expliquée, par la fable qui suit, l'expression
" le coup de pied de l'âne".
L'âne considéré comme la honte de la nature se permet
aussi de frapper le vieux lion affaibli... , ce qui justifie pour celui-ci
le fait de "mourir deux fois".
(1) bravoure
(2) devenu infirme
(3) dans le manuscrit Conrart, était écrit : "au combat accourir"
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