Javascript Menu by Deluxe-Menu.com fable Jean de La Fontaine : Jupiter et le Métayer
portrait de Jean de La Fontaine le corbeau de la fable jardin de la maison natale actuellement le perron de l'entrée de la maison
Fable, Jean de La Fontaine, 
Jupiter et le Métayer,  Livre VI, fable 4
 

JUPITER ET LE METAYER

Jupiter eut jadis une ferme à donner.
Mercure (1) en fit l'annonce ; et Gens se présentèrent,
                Firent des offres, écoutèrent :
                Ce ne fut pas sans bien tourner.
                L'un alléguait que l'héritage
Etait frayant (2) et rude, et l'autre un autre si (3).
                Pendant qu'ils marchandaient ainsi,
Un d'eux le plus hardi,  mais non pas le plus sage,
Promit d'en rendre tant (4), pourvu que Jupiter
                Le laissât disposer de l'air,
                Lui donnât saison à sa guise,
Qu'il eût du chaud, du froid, du beau temps, de la bise,
                Enfin du sec et du mouillé,
                Aussitôt qu'il aurait bâillé.
Jupiter y consent. Contrat passé ; notre homme
Tranche (5) du roi des airs , pleut, vente, et fait en somme
Un climat pour lui seul : ses plus proches voisins
Ne s'en sentaient (6) non plus que les Américains.
Ce fut leur avantage ; ils eurent bonne année,
                Pleine moisson, pleine vinée.
Monsieur le Receveur (7) fut très mal partagé.
                L'an suivant, voilà tout changé,
                Il ajuste d'une autre sorte
                La température des cieux.
                Son champ ne s'en trouve pas mieux.
Celui de ses voisins fructifie et rapporte.
Que fait-il ? Il recourt au Monarque des dieux :
                Il confesse son imprudence.
Jupiter en usa comme un maître fort doux.
                Concluons que la Providence
                Sait ce qu'il nous faut mieux que nous .


Les sources de la fable se trouvent chez les auteurs suivants : Faërne, Cesare Pavesi et Verdizotti. Chez ces auteurs, une contre-épreuve permet au paysan de reprendre en main avec plus de succès le gouvernement du temps. Chez La Fontaine, le second essai reste infructueux.

(1) le messager des Dieux
(2) était coûteux, occasionnait des frais
(3) si était un nom commun, dans le sens d'affirmation ou de condition
(4) ... d'en obtenir un tel rendement
(5) fait le souverain
(6) ne s'en ressentaient
(7) Qui reçoit pour autrui. Les fermiers des terres seigneuriales s'appellent des Receveurs. (Dict. Furetière)


illustration : J.B. Oudry
Illustration : Jean-Baptiste Oudry

lire d'autres fables