Javascript Menu by Deluxe-Menu.com fable Jean de La Fontaine : Les Dieux voulant instruire un fils de Jupiter
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Fable, Jean de La Fontaine, 
Les Dieux voulant instruire un fils de Jupiter,  Livre XI, fable 2
 

LES DIEUX VOULANT INSTRUIRE UN FILS DE JUPITER

Pour Monseigneur le Duc du Maine*

Jupiter eut un fils, qui, se sentant du lieu
               Dont il tirait son origine
               Avait l'âme toute divine.
L'enfance n'aime rien : celle (1) du jeune Dieu
               Faisait sa principale affaire
               Des doux soins d'aimer et de plaire.
               En lui l'amour et la raison
Devancèrent le temps, dont les ailes légères
N'amènent que trop tôt, hélas ! chaque saison.
Flore (2)  aux regards riants, aux charmantes manières,
Toucha d'abord le cœur du jeune Olympien.
Ce que la passion peut inspirer d'adresse,
Sentiments délicats et remplis de tendresse,
Pleurs, soupirs, tout en fut : bref, il n'oublia rien.
Le fils de Jupiter devait, par sa naissance,
Avoir un autre esprit, et d'autres dons des Cieux :
               Que les enfants des autres Dieux :
Il semblait qu'il n'agît que par réminiscence,
Et qu'il eût autrefois fait le métier d'amant,
               Tant il le fit parfaitement !
Jupiter cependant voulut le faire instruire.
Il assembla les Dieux, et dit :  J'ai su conduire
Seul et sans compagnon jusqu'ici l'univers ;
               Mais il est des emplois divers
               Qu'aux nouveaux Dieux je distribue.
Sur cet enfant chéri j'ai donc jeté la vue.
C'est mon sang : tout est plein déjà de ses autels.
Afin de mériter le rang des immortels,
Il faut qu'il sache tout.  Le maître du tonnerre
Eut à peine achevé, que chacun applaudit.
Pour savoir tout, l'enfant n'avait que trop d'esprit.
               Je veux, dit le Dieu de la guerre,
               Lui montrer moi-même cet art
               Par qui maints Héros ont eu part
Aux honneurs de l'Olympe, et grossi cet empire.
               Je serai son maître de lyre,
               Dit le blond et docte Apollon.
               Et moi, reprit Hercule à la peau de Lion,
               Son maître à surmonter les vices,
A dompter les transports, (3) monstres empoisonneurs,
Comme Hydres renaissants sans cesse dans les cœurs :
               Ennemi des molles délices,
Il apprendra de moi les sentiers peu battus
Qui mènent aux honneurs sur les pas des vertus. 
               Quand ce vint au dieu de Cythère, (5)
               Il dit qu'il lui montrerait tout.
L'Amour avait raison : de quoi ne vient à bout
               L'esprit joint au désir de plaire ?


 

 

* Cette fables est dédicacée au Duc du Maine, fils légitimé de Louis XIV et de Mme de Montespan. Il avait 9 ans lorsque la fable fut imprimée. L'allégorie servant de sujet à cette fable remonte au Banquet de Platon et reprend l'idée que le rôle primordial dans l'initiation à toute connaissance est l'amour...Cet enfant était réputé pour avoir une intelligence très précoce.

 

 

(1) au contraire...l'anfance du jeune...
(2) probablement Madame de Montespan, le jeune duc était certainement amoureux de sa mère.
(3) les élans de la passion
(5) l'Amour, fils de Vénus.

 

 



Illustration : Grandville


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