Javascript Menu by Deluxe-Menu.com fable Jean de La Fontaine : les deux mulets
portrait de Jean de La Fontaine le corbeau de la fable jardin de la maison natale actuellement le perron de l'entrée de la maison
Fable, JEAN DE LA FONTAINE, 
Les deux Mulets, Livre I,  4
   

LES DEUX MULETS (*)


Deux Mulets cheminaient (1) ; l'un d'avoine chargé ;
      L'autre portant l'argent de la gabelle (2).
Celui-ci, glorieux d'une charge si belle,
N'eût voulu pour beaucoup (3) en être soulagé.
          Il marchait d'un pas relevé (4),
          Et faisait sonner sa sonnette ;
          Quand, l'ennemi se présentant,
          Comme il en voulait à l'argent,
Sur le Mulet du fisc (5) une troupe se jette,
          Le saisit au frein, et l'arrête.
          Le Mulet, en se défendant,
Se sent percé de coups, il gémit, il soupire :
Est-ce donc là, dit-il, ce qu'on m'avait promis ?
Ce Mulet qui me suit du danger se retire (6) ;
          Et moi j'y tombe, et je péris.
          Ami, lui dit son camarade,
Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi :
Si tu n'avais servi qu'un Meunier, comme moi,
          Tu ne serais pas si malade.

 

(*)source : Phèdre II,7 : "Les deux mulets"
Dans la traduction de Sacy (1647) , on lit :
"Deux mulets chargés chacun d'un pesant fardeau marchaient ensemble dans un même chemin. L'un portait des sacs d'argent, l'autre d'orge. [...] Celui donc qui avait été volé déplorant son malheur, l'autre lui dit :
" Certes je me réjouis du mépris qu'on a fait de moi,puisque je n'ai rien perdu, et que je n'ai pas été blessé."

(1) faisaient chemin ensemble
(2) Impôt sur le sel
(3) même en étant payé très cher
(4) en élevant haut le pied et fièrement
(5) Trésor public
(6) se tire du danger

Les deux Mulets ; dessin de André Hellé

illustration de André Hellé

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