LES DEUX TAUREAUX
ET UNE GRENOUILLE (*) |
Deux Taureaux combattaient à qui posséderait
Une Génisse avec l'empire.
Une Grenouille en soupirait.
Qu'avez-vous? se mit à lui dire
Quelqu'un du peuple croassant (1).
Et ne voyez-vous pas, dit-elle,
Que la fin de cette querelle
Sera l'exil de l'un ; que l'autre le chassant
Le fera renoncer aux campagnes fleuries ?
Il ne régnera plus sur l'herbe des prairies,
Viendra dans nos marais régner sur les roseaux,
Et nous foulant aux pieds jusques au fond des eaux,
Tantôt l'une, et puis l'autre, il faudra qu'on pâtisse
Du combat qu'a causé Madame la Génisse.
Cette crainte était de bon sens ;
L'un des Taureaux en leur demeure
S'alla cacher à leurs dépens ;
Il en écrasait vingt par heure.
Hélas, on voit que de tout temps
Les petits ont pâti des sottises des grands.
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(*) Source : Phèdre : livre I, 30, la fable figure dans le recueil de Nevelet. Dans celui de Sacy, la maxime a pour titre : "Les maux publics retombent sur le peuple".
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(1) comme chacun le sait : la grenouille coasse, et c'était déjà comme cela au XVIIème siècle. Est-ce une erreur de La Fontaine ?
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