Javascript Menu by Deluxe-Menu.com fable Jean de La Fontaine : le Chêne et le Roseau
portrait de Jean de La Fontaine le corbeau de la fable jardin de la maison natale actuellement le perron de l'entrée de la maison
Fable,  JEAN DE LA FONTAINE, 
Le Chêne et le  Roseau  Livre I,  22
   
Les sources de la fable se trouvent chez Esope : Le roseau et l'olivier, et chez Aphtonius, toutes deux présentes dans le recueil Nevelet.
Cette fable est un chef-d'oeuvre , et La Fontaine lui-même la mettait au rang de ses meilleures, au dire des écrivains qui ont fait son éloge.
Le plan en est très clair : Le discours du chêne, celui du roseau, enfin  l'ouragan. 
"Le vent ouvre et ferme le livre I des Fables, bise glacée interrompant le chant de la cigale, aquilon vengeur jetant à bas la superbe d'un chêne trop sûr de lui ........A partir du Livre IV, les vents interviennent plus précisément comme les aléas qui menacent une société conquérante, avide de développement et d'expansion, et non plus le chêne, comme figure permanente de l'orgueil, ou la cigale comme modèle éternel de l'imprévoyance." (Pierre Malandain "la fable et l'intertexte" Coll. Temps Actuels);
Nous pouvons méditer cette opinion de Taine :
"La Fontaine, pour mieux frapper les orgueilleux, donne au chêne un ton de protection insolente et le jette aux pieds de celui que sa bienveillance voulait humilier" 
Le destin du chêne et du roseau est celui des grands et des petits, comme le montre l'illustration jointe :

(1) des motifs pour...
(2) par hasard
(3 l'aquilon est un vent du nord, violent et froid, le zéphyr un vent léger et agréable.
(4) celui dont la tête était voisine du ciel
(5) Plusieurs expressions sont tirées de Virgile dans cette fable. Déjà, La Fontaine faisait allusion à l'image finale dans la quatrième lettre à sa femme, de son voyage en Limousin, lorsqu'il parle des tours du château d'Amboise :
" Elles touchent, ainsi que les chênes dont parle Virgile,

D'un bout au ciel,
d'autre bout aux enfers.

LE CHÊNE ET LE ROSEAU

Le Chêne un jour dit au roseau :
Vous avez bien sujet (1)d'accuser la Nature ;
Un Roitelet  pour vous est un pesant fardeau.
            Le moindre vent qui d'aventure (2)
            Fait rider la face de l'eau,
            Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
            Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est aquilon ; tout me semble zéphir (3).
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
            Dont je couvre le voisinage,
            Vous n'auriez pas tant à souffrir :
            Je vous défendrais de l'orage ;
            Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent. 
La Nature envers vous me semble bien injuste.
 Votre compassion, lui répondit l'Arbuste ,
Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
     Les vents me sont moins qu'à vous redoutables. 
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
            Contre leurs coups épouvantables
            Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
            Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.
            L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
            Le vent redouble ses efforts,
            Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine,(4)
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.(5)

      

Le chêne et le roseau, illustration de G. Fraipont

  

 
Illustration de Georges Fraipont

 

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