L'ANE VETU DE LA PEAU DU LION
De la peau du Lion l’Âne
s’étant vêtu
Etait craint partout à la ronde,
Et bien qu’Animal sans vertu, (1)
Il faisait trembler tout le monde.
Un petit bout d’oreille
échappé par malheur
Découvrit la fourbe (2) et l’erreur.
Martin (3) fit alors son office.
Ceux qui ne savaient pas la
ruse et la malice (4)
S’étonnaient de voir que Martin
Chassât les Lions au moulin. (5)
Force gens font du bruit (6) en France
Par qui cet apologue est
rendu familier.
Un équipage cavalier (6)
Fait les trois quarts de leur vaillance.
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Source de la fable : Esope
"l'Ane vêtu de la peau du Lion et le Renard"
"l'Ane qui passait pour être un lion"
A la fin de la fable, La Fontaine songe-t-il aux "mousquetaires
et dauphins" envoyés contre l'évêque de Munster et peu
glorieusement pris dans une embuscade ? (R. Jasinski, La Fontaine et
le premier recueil des fables, p.267)
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"l'âne vêtu de la peau du lion"
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(1) courage
(2) malhonnêteté
(3) "On dit [...] Martin bâton, en parlant d'un bâton dont on
frappe les ânes, qu'on appelle Martin, comme si on disait le bâton
à Martin " (Furetière) (Fables, oeuvres complètes, éd. La
Pléiade)
(4) le sens actuel de "disposition à railler, à taquiner, sans
méchanceté réelle, facétie" est apparu au milieu du XVIIème
siècle
(5) les lions, d'ordinaire, ne vont pas porter de grain au moulin
(6) font parler d'eux
(7) tout ce qui est nécessaire pour s'entretenir honorablement
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cavalier : noble, conquérant, portant épée. |